« La musique ça me fait rêver » Et vous, qu’est-ce qui vous fait rêver ? Et moi alors ? Le cinéma sûrement, L’amour à la mer assurément. Dans ce long-métrage une véritable définition de l’amour se forme : sincérité, douceur, mais aussi attente. Le film traduit évidemment une attente amoureuse : deux êtres, séparés par le métier prenant de l’autre, qui pourtant se retrouvent et fondent leur amour. Telle une longue poésie tantôt mélancolique (spleen), tantôt lyrique (idéal), à l’image des lettres que les deux amoureux s’envoient.
Un dialogue s’installe entre les deux villes majeures du film : Brest et Paris. L’une silencieuse, calme, aux rues vides, aux habitants comme casaniers ; tout le contraire de la capitale, aux rues bondées, aux cafés bruyants. Puis il y a cet extrait si clichéique – et si vrai nonobstant – sur le « Paris aigri » avec la soudaine apparition de Jean-Pierre Léaud qui lui semblable à celui que l’on connaît depuis Les 400 coups de Truffaut : le « je m'en foutiste » et enclin à l’éducation.
L’amour à la mer dessine finalement une fresque amoureuse, prenant progressivement la forme d’une chanson, thème introduisant si bien le film par une simple question : « Vous trouvez que c’est idiot d’aimer les chansons d'amour Simone ? » Puis soudainement, Guy Gilles utilise son art pour détruire le romantisme, le passionnel et dilapider toute idée d’un amour idéal et honnête que j’évoquais peu de lignes au dessus : un marin qui ne cesse de tromper sa copine folle amoureuse.
Au contraire, Guy Gilles semble plutôt ériger une certaine idéalisation de Paris, par sa narration elliptique et parfois élogieuse, comme une lettre d'amour envoyée à la capitale, ville immense où tout se perd, un marin dit d’ailleurs dans le film « Combien j’ai aimé être seul dans cette grande ville », et c’est cette perte dans un espace immense qui nous rapproche de la relation entre Daniel et Geneviève, séparés par tant de kilomètres et à l’amour semblant comme “trop flou” ou trop lointain, et finalement égaré. Ce lien entre les deux villes et les deux êtres – le terme d’amoureux semble trop incertain à présent pour l’écrire – traduit dans le film un double dialogue métaphorique et symbolique : deux villes que tout oppose, deux être que tout empêche. Brest devient Daniel, vide, simple ; et Paris devient Geneviève, tout autre mais surtout empli d’amour.
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