Un seul film pour aujourd’hui, mais pas n’importe quel film. Je brave ma fatigue, m’installe confortablement dans la salle et m’apprête à voir ce qui s’avérera être pour le moment le meilleur film du Festival.
Monsieur Smith au Sénat de Frank Capra (1939)
Quel plaisir de découvrir du Frank Capra sur grand écran ! Il est déjà l’auteur d’un film que j’adore, La vie est belle (1946), j’avais donc grande hâte de découvrir Monsieur Smith au Sénat. D’autant plus hâte qu’il y a dans le film James Stewart, peut-être mon acteur du vieil Hollywood préféré.
Il y incarne Jefferson Smith, un homme naïf et idéaliste, qui se retrouve choisi pour être sénateur des Etats-Unis. Débarquant de sa campagne, il découvre Washington et le monde cruel et corrompu de la politique américaine, notamment lorsqu’il souhaite déposer un projet de loi, gênant celle d’autres sénateurs et d’hommes d’affaires véreux.
Le film est à charge contre la politique des Etats-Unis et est alors attaqué par des politiciens et certains membres de la presse. En effet, à la sortie du film, l’Europe entre en guerre et les Etats-Unis essayent toujours de sortir la tête de l’eau après le krach boursier de 1929. Bref ce n’était pas le bon moment pour accuser les institutions politiques américaines de corruption et de copinage avec les médias.
Cependant, Frank Capra veut aussi montrer l’efficacité de la démocratie américaine et montre les rouages de la politique, mais parle aussi d’une certaine manière de patriotisme. En effet, le personnage principal est fasciné par Washington et par les monuments et les personnages qui ont forgé l’histoire et la politique américaine. C’est un idéaliste qui croit fortement au pouvoir de son pays qui, lorsqu’il est bien utilisé, peut aider les plus démunis. Il y a une scène que j’aime particulièrement beaucoup qui a rendu le personnage principal attendrissant : lorsqu’il découvre Washington avec des yeux d’une candeur enfantine. Cette scène, qui est certes patriotique, montre également les inspirations idéales et historiques pour ce personnage. Il veut marcher dans les pas des Pères Fondateurs et d’Abraham Lincoln et il se battra pour ça.
Frank Capra ne réalise pas un film naïf malgré son personnage principal. Il montre la cruauté de certains politiciens, prêts à s’acoquiner avec de riches hommes d’affaires dans un but purement égoïstes. Le spectateur n’est pas ignorant du monde de la politique et de ses magouilles. Capra le sait bien, mais Jefferson Smith lui ne le sait pas. Cette candeur touche le public, à la fois celui du film mais aussi celui du Sénat. Et il est alors particulièrement dur de voir ce personnage se faire écraser par des hommes purement égoïstes alors qu’il est plein de bonté et de générosité. On en vient à espérer qu’il abandonne.
Mais nous sommes à Hollywood. Et même si je ne suis pas fan du procédé du happy end, j’espérais qu’il arrive. Le personnage principal mérite son happy end. Capra nous laisse avec une lueur d’espoir. Celle d’espérer qu’un jour un monsieur Smith, idéaliste, prenne la parole pour un monde plus juste dans lequel les institutions politiques seraient au service du peuple. Pour cela, cette note d’espoir qui me mettrait presque la larme à l’œil, le film mérite son statut de chef d’œuvre du cinéma.
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