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Photo du rédacteurJérémy

Des nouvelles du front : Ultimate Spider-Man par Jonathan Hickman et pas que Marco Checchetto

 

Le premier numéro d’Ultimate Spider-Man m'avait fait l'effet d'une bombe. Ce comics me provoquait une sensation d'euphorie que je voulais partager avec l’espoir que certains iraient  le lire. 

Depuis le premier article, 3 nouvelles issues sont sorties et un arc narratif s'est terminé. Mais qu'en est-il ? Est-ce que Hickman transforme l'essai ? L'espoir retrouvé au début perdure-t-il ?


Et bien…


Ma lecture du 4ème numéro commençait déjà par un coup dur. Le grand Marco Checchetto cède ses crayons à David Messina. C'est la malheureuse injonction de cette industrie. Les dessinateurs ne peuvent pas tenir la cadence imposée (24 pages à dessiner en moyenne par mois, même en anticipant, à un moment ça coince) et doivent laisser la main à d'autres. Cela me fait grincer un peu des dents car je suis plutôt attaché à la cohérence graphique d'une BD. 


Mais ce dernier propose des planches ni laides ni bâclées, c’est même tout à fait honorable. Son style est différent, moins fin et précis mais respecte l’identité graphique initiée par Checchetto.



Spider-Man #1 dessin de Marco Checchetto


 Spider-Man #4 dessin de David Messina


Après avoir posé les bases de ses personnages, Hickman étoffe son univers et joue à étirer sa narration. Il tord le cou à cette injonction du récit, d’aller forcément quelque part en s'autorisant des digressions, à l'image du 4eme numéro. 


Ce dernier joue sur la forme, assez éculée au demeurant mais non sans délice ici, du double rendez-vous. 24 pages sans bagarre, sans costume, sans héros². Seulement 4 personnages centraux du mythe Spider-Man qui discutent : Peter, Mary-Jane, Harry et…Gwen Stacy. Nous apprenons que cette dernière n'est pas morte, comme dans le canon de l'univers Spider-Man depuis les années 70. Son entrée en scène résonne davantage comme un coup de théâtre un peu gaguesque que du fan service bête et méchant. Les habitudes du fan de BD de super-héros s'en voient un peu bouleversées car il s'agit d’une joute verbale entre 4 personnages. Puis nous en restons là. Il n'y a ni élément perturbateur, ni ouverture épique à la fin. Rien, si ce n'est Peter et Mary-Jane qui débriefent la soirée dans la rue, en sortant du restaurant, un peu comme dans la vraie vie. Sans ces grandes envolées et en retirant ce qui fait la moelle de ces récits, Hickman propose une BD simple, merveilleusement dialoguée tout en revisitant les clichés de ce genre d'histoire avec humour.


Ces épisodes ne sont pas quelque chose de nouveau dans les comics. Cela intervient à des moments de pause entre deux arcs narratifs. Dès le numéro 4 cela peut paraître incongru. Mais la fin laissait entrevoir un retour aux affaires dès l’issue suivante. Ce 5ème numéro nous affirmait de suite qu'il n'en était rien. Dans celui-ci, le personnage principal n'en est même pas le sujet, il n'a qu'une brève apparition à la fin. Cet épisode est celui de l'autre protagoniste principal, Harry Osborn et comment il devient celui qui est l'ennemi principal de Spidey dans le canon d'origine : Le bouffon vert. À la différence près que dans cet univers, il n’est pas un vilain. 


Avec 2 numéros de digressions coup sur coup, aucune avancée scénaristique stricte.On pourrait presque dire “Ça ne sert à rien”. Il n’y a même pas de super-héros à se mettre sous la dent. Cela commençait à faire beaucoup, il fallait qu'il “se passe un truc”, que ce qui s'annonçait comme la conclusion d'un arc donne un os à ronger au lecteur avide d’histoire, d'héroïsme et de costume.


Le numéro 6 offre à peu près tout cela. Spider-Man livre bataille face à l'un de ses méchant originel : Le Caïd du crime Wilson Fisk, présent et développé dès le début du comics.

Son auteur ne veut décidément pas conforter les habitudes des lecteurs. Il y a une variation à chaque fois. Elle se résume simplement : Peter fait face à ses responsabilités. Il raconte à sa famille comment il s'est fait casser la figure. Le pugilat tant attendu a déjà eu lieu et ce qui nous est raconté est donc sans enjeu. La surprise du combat en temps réel de la narration s'efface au profit du suspens de la fuite du héros face à un méchant bien trop fort pour lui. La conclusion de l'arc s'effectue dans l'intimité de sa famille. Aucun méchant n’intervient avec un plan machiavélique en guise d’ouverture. La série aurait presque pu s'arrêter sur la dernière case sans que cela ne soit un problème. 


Avec ces 6 numéros, Jonathan Hickman a-t-il atteint le point de rupture en délayant à ce point son histoire ? Il est certain que ce choix peut laisser sur le côté. Cela n'en reste pas moins une œuvre qui, connaissant son auteur, saura récompenser ses lecteurs les plus fidèles. En ce qui me concerne, c'est l'attente principale chaque mois. C’est d’ailleurs le comics que j’aime le plus lire depuis janvier. C’est une recommandation totale quelque soit votre connaissance des comics. C’est à la fois accessible aux nouveaux lecteurs qui ne vont pas se retrouver écrasés par le poids de la continuité, les références leur parviendront par la suite s’ils en ont envie. Le lecteur aguerri n’est pas non plus délaissé, c’est un véritable cadeau qui offre à la fois ce que l’on souhaite depuis des années sans céder à la facilité d’un récit creux sans réelle envie de proposer autre chose qu’un postulat aguicheur. 


L’espoir perdure.

A suivre.


² Si ce genre d'histoire vous plaît, il existe un superbe équivalent chez DC : les numéros 36 et 37 de Batman par Tom King et Clay Mann où Superman, Lois Lane, Batman et Catwoman s'autorisent une pause.

³ Avant qu'il devienne l'ennemi juré de Daredevil dans les années 80.Il faut d’ailleurs lire du Daredevil.


Spider-Man #6 dessin de Marco Checchetto

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