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Photo du rédacteurValentin Laurent

Mishima ou la vision du vide – Marguerite Yourcenar

 

En 1982, Marguerite débute enfin son voyage au Japon. Ce périple, prévu de longue date, mais inlassablement retardé par des contraintes personnelles, lui permet une immersion dans une civilisation qu’elle admirant tant. Elle espère renouer avec cette tradition ancestrale qui irriguait les romans de Murasaki Shikibu et inspirait les haïkus de Bashō. Mais, plus son périple avance, plus l’amertume monte en elle : elle est désolée de voir le Japon traditionnel s’effacer au profit d’une occidentalisation excessive. Un an avant ce voyage, elle publiait Mishima ou la vision du vide, court essai critique sur l’œuvre de l’écrivain japonais Yukio Mishima. Son intérêt pour l’auteur japonais semble remonter au début des années 1970 alors qu’elle entame La Mer de la Fertilité avec un certain plaisir. Nous sommes alors dans une période où la mort de Mishima, sur laquelle nous reviendrons, a fasciné, particulièrement les non-européens qui sont étrangers à la façon dont il se donne la mort. Mishima ou la vision du vide n’est pas son unique ouvrage sur le Japon. Citons particulièrement Le tour de la prison, dont le titre est une référence à L’Œuvre au noir, composé de textes et conférences dont certains sur le Japon. Cependant, notre attention demeurera focalisée sur Mishima.


De la difficulté de juger un contemporain


Le court ouvrage d’un peu plus de cent pages s’ouvre sur un propos introductif ou l’auteur s’attèle à convenir de la façon dont on juge un contemporain. Marguerite Yourcenar est coutumière de l’exercice, elle qui a préfacé des ouvrages de Virginia Woolf, ou encore de Constantin Cavafy et qui a fait l’éloge funèbre de Roger Caillois lors de son discours de réception à l’Académie française, comme la tradition l’exige. Son propos initial est simple, à savoir qu’il « est toujours difficile de juger un grand écrivain contemporain : nous manquons de recul. Il est plus difficile encore de le juger s’il appartient à une autre civilisation que la nôtre, envers laquelle l’attrait de l’exotisme ou la méfiance envers l’exotisme entrent en jeu¹ ». Marguerite Yourcenar entame son essai avec une certaine humilité, consciente des biais inéluctables que son éducation et sa civilisation ont pu lui apporter. Rappelons toutefois que si Marguerite Yourcenar était bien européenne, elle a longuement voyagé dans le monde, pour ouvrir son esprit à tout ce que l’humanité pouvait lui apporter : Grèce, Inde, Maroc… Nous renvoyons à sa conférence Voyages dans l'espace et voyages dans le temps, donné en octobre 1982 à l’Institut français de Tokyo à ce sujet. Mishima a aussi cela de particulier qu’il dénonce l’occidentalisation de la société japonaise tout en étant lui-même un produit de cette occidentalisation. Mais, en parallèle, elle considère qu’il est un bon représentant des valeurs traditionnelles de sa civilisation. C’est ce paradoxe qui attire aussi Marguerite Yourcenar, et qui fait d’elle, par sa hauteur de vue, une personne idéale pour se saisir d’un tel sujet.


Ce premier point élucidé, un autre problème interpelle Yourcenar : quelle importance accorder à la biographie dans l'appréciation d'un écrivain ? L’oeuvre de Mishima, on le sait aujourd’hui, est jalonnée de fragments autobiographiques, ou tout du moins d’indices sur la façon dont sa vie allait se dérouler. Yourcenar, adopte une posture assez proustienne en dénonçant « la grossière curiosité pour l’anecdote biographique² » que notre temps érige en totem. L’idée n’est évidemment pas de faire disparaître la vie de l’auteur, car le contexte fait le texte, mais de ne pas le placer au centre de l’analyse. Cette curiosité malsaine pour l’écrivain est d’autant plus préjudiciable dans le cas Mishima, la vie de celui-ci ayant été particulièrement mouvementée. Il est alors simple de se vautrer dans la « psychologie de drugstore³ », chose qu’elle rejette. Ainsi, ce qu’il faut observer en dernier lieu, et qui doit permettre au lecteur d’apporter un jugement, c’est l’oeuvre, elle a toujours le dernier mot. Plus simplement encore, « rappelons-nous toujours que la réalité centrale est à chercher dans l’œuvre⁴ ».


Prémices à la vie et l’oeuvre de Mishima


Afin de mieux cerner la figure de Yukio Mishima, ou Kimitake Hiraoka de son vrai nom, Yourcenar propose une brève présentation de l’homme. Cette ébauche biographique, concise mais requise, commence par sa famille. On apprend que Mishima est un homme élevé principalement par des femmes : sa grand-mère tout d’abord (comme celle de Marguerite Yourcenar jouera un rôle central) puis sa mère. De son père, c’est surtout la rigueur qu’il faut retenir. Néanmoins, c’est surtout pour présenter l’homme qu’elle énonce ces faits : elle n’essaye pas de se perdre dans des divagations psychologiques trop brumeuses pour le lecteur. Un aspect essentiel de la vie de Mishima, consiste en cette fascination pour la culture littéraire européenne, surtout française, qu’il cultive avec passion avec des figures comme Proust, Cocteau, Sade… Marguerite Yourcenar tend même à considérer que cet attrait pour la culture européenne a obscurci l’intérêt de Mishima pour la culture japonaise. Peut-être est-ce ici un moyen d’expliquer la notoriété dont Mishima profite dans les pays européens.


La vie littéraire de Mishima est aussi observée au travers de ses principales publications. Concentrons-nous sur une, essentielle, qui constitue un bon point de départ pour découvrir son oeuvre selon nous, à savoir Confessions d’un masque, ce « récit presque clinique d’un cas particulier ». Il met en scène la jeunesse de Kochan, miroir de Mishima à quelques détails près. Dans ce récit, nous voyons le cheminement de ce jeune japonais vers une meilleure connaissance de lui-même. On remarque avec intérêt la fascination qu’exerce la culture européenne sous toutes ses formes chez le jeune Mishima, parfois au travers de choses incongrues. Yourcenar souligne cela en évoquant un passage où le héros revient sur son émoi face à une photographie du tableau de saint Sébastien par Guido Reni, illustrant l’attrait de Kochan pour le nu européen plutôt que son équivalent japonais. Yourcenar assène cette idée en écrivant que « ce corps musclé, mais à bout de forces, prostré dans l’abandon presque voluptueux de l’agonie, aucune image de samouraï livré à la mort ne l’aurait donné : les héros du Japon ancien aiment et meurent dans leur carapace de soie et d’acier⁵ ». Kochan évolue dans un Japon en guerre, passant de la domination à la défaite, symbole d’une décadence. Ce qui fait de Confessions d’un masque une excellente entrée à l’oeuvre de Mishima, c’est que les thèmes sont déjà posés : la mort, le corps, l’érotisme, la beauté… À toutes ces thématiques, il demeure fidèle.


Sans se perdre plus longtemps dans la quantité de romans que Mishima a pu écrire, notons aussi Le Pavillon d’or, fait divers repris par l’auteur à propos de la destruction d’un temple sacré. C’est alors l’occasion pour Mishima de nous livrer quelques considérations esthétiques. En parallèle des œuvres romanesques, son théâtre lui apporte une certaine notoriété, bien qu’il soit moins remarqué en France par manque de traductions. Citons les Cinq nô modernes, dont la traduction est assurée par Marguerite Yourcenar et Madame de Sade, dans laquelle l’intérêt de Mishima pour le monde européen s’exprime une nouvelle fois. Dans cette pièce, l’idée du mal plane sur l’ensemble de l’oeuvre et Mishima y ajoute ces thématiques phares. Outre le regard intéressé que Marguerite Yourcenar porte à cette pièce, la notion du mal ne lui est pas étrangère et l’on peut la rencontrer au coin de certaines pages de L’OEuvre au noir par exemple. Ce qui fascine dans les œuvres de Mishima, c’est sa capacité à décliner ces thématiques à différents niveaux. Si la sensualité est toujours présente dans ses romans, les degrés se confondent. Dans Les Amours interdites, la relation est osée et visible, tandis que dans Le tumulte des flots, la pudeur est de mise et la nudité est ancrée dans un quotidien ancestral, loin de considérations obscènes ou pudiques.


L’importance de La Mer de la fertilité


Son succès déjà bien établi, Marguerite Yourcenar s’intéresse alors à une autre étape de la vie de l’auteur, celle de l’écriture de son oeuvre majeure : La Mer de la Fertilité. Cette tétralogie, Marguerite Yourcenar y voit des équivalents européens, notamment Les Buddenbrooks de Thomas Mann. Néanmoins, plutôt que de céder à une facilité qui consisterait à brosser le portrait d’un siècle en plusieurs générations, c’est la notion de transmigration des âmes que Mishima exploite. Le personnage de Honda est suivi de sa jeunesse jusqu’à ses dernières années et pour établir une connexion entre les différents personnages fréquentés, Mishima puise dans le folklore japonais. Ainsi, que cela soit Kioyaki dans Neige de printemps, Isao dans Chevaux échappés ou la princesse thaïlandaise dans Le Temple de l’Aube, tous présentent une caractéristique commune : ils ont trois grains de beauté au même endroit.


Ce que l’on peut retenir de cette tétralogie, sans se perdre dans un long résumé, c’est qu’elle offre un tableau d’une époque en pleine mutation. Dans Neige de printemps, la tradition japonaise est encore palpable dans les mœurs et manières de la société. Puis, dans Chevaux échappés, qui débute en 1932, le spectre de la guerre plane avec une occidentalisation qui gagne en intensité. On y croise le jeune Isao, révolté par cette perte de l’essence traditionnelle, qui cède aux idéologies extrêmes, ce qui n’est pas étranger au contexte européen de la même époque. L’histoire se poursuit avec Le Temple de l’Aube, dans un Japon qui part en guerre face aux États-Unis pour être défait ensuite. Le personnage de Honda ressent lui aussi un vide de plus en plus important, reflétant le malaise d'un Japon en quête de repères. C’est avec L’Ange en décomposition que se termine cette longue fresque, où « l’espérance et avec elle les incarnations successives du raffinement, de l’enthousiasme ou de la beauté sont mortes⁶ ». L’existence se complique alors et l’américanisation, précédemment dénoncée, redouble d’intensité. Dans sa quête finale, Honda, veut retrouver Satoko, dont il a partagé les confidences dans le premier tome, devenue abbesse. Mais sa rencontre avec elle ne se déroule pas comme il l’attendait car il doit faire face à une « surdité quasi métaphysique de l’ancienne amante⁷ ». C’est à ce moment, au crépuscule de sa vie, qu’il réalise la fragilité des choses, de la perméabilité des hommes au temps et à l’oubli. On serait presque tenté de voir en Satoko une incarnation de quelques idées de Yourcenar.


Marguerite Yourcenar entend aussi formuler quelques critiques en ce qui concerne cette tétralogie. D’abord, à propos du style, qui, il est vrai, est « dénudé, parfois presque plat […] strié de crevasses ». Tout en nuisant à la lecture parfois, on perd un peu du Mishima d’antan. En revanche, une critique nous semble moins fondée. Elle critique Mishima en ce qu’il fait quelquefois de ces connaissances de « pesantes informations », car il ne revêt pas ces données de son style. Il est normal de travailler les sujets auxiliaires afin d’atteindre un certain réalisme littéraire, surtout pour Marguerite Yourcenar qui a passé du temps à lire sur l’Antiquité, la Renaissance, et a fouillé dans les archives familiales pour trouver une trace de ses ancêtres. Mais si la critique n'est pas totalement fausse – on peut être tenté de laisser le livre tomber des mains par moment – Marguerite Yourcenar est aussi coutumière du péché. Le Labyrinthe du monde, trilogie sur sa vie familiale, est émaillée de détails historiques où son style s’impose difficilement. Ces aspects nous font hésiter sur la qualité de l’ouvrage : est-ce un roman familial ou un manuel historique ? De même, critiquer Mishima et ses divagations sur le bouddhisme qui alourdissent le roman est certes légitime, mais Yourcenar est-elle suffisamment bien placée pour en discuter ? Sans lui reprocher cette attitude, Marguerite Yourcenar était particulièrement intéressée par le bouddhisme, mais celui-ci était quelque peu artificiel et sélectif.


Vers son oeuvre « la plus soigneusement préparée »


Rappelons d’abord un paradoxe habilement dissimulé par Yourcenar. Nous avons souligné auparavant que la biographie était un outil, au sens où elle doit nous aider à cerner l’auteur, mais que l’oeuvre en est la fin. Pourquoi, alors, s’attarder autant sur la mort de Yourcenar, qui est un fait biographique avant tout ? Pour contourner cet aspect, Marguerite Yourcenar refuse de considérer un suicide si méticuleusement pensé comme un simple aspect biographique. La méditation et la préparation de ce geste sont aussi significatives que l’effort nécessaire à l’écriture d’un roman, d’une pièce de théâtre, bref, d’une oeuvre. L’énergie que Mishima a mis dans son suicide montre qu’il a, dans un sens, décidé de l’écrire, ce qui en fait l’une de ses œuvres et permet à Yourcenar de tant s’y attarder – et pour cause, c’est probablement l’aspect qu’elle trouvait le plus fascinant en lui.


« Ce qui nous importe, c’est de voir par quels cheminements le Mishima brillant, adulé, ou, ce qui revient au même, détesté pour ses provocations et ses succès, est devenu peu à peu l’homme déterminé à mourir ». C’est cela que Yourcenar essaie de saisir, d’abord en observant assez ironiquement sa vie privée. Un échec littéraire ? le prix Nobel qui lui échappe ? un mariage de raison ? des menaces, des scandales ? En vérité, pas de quoi ébranler la vie d’un écrivain, surtout Mishima. Ce n’est pas ça qui creuse le « Vide » en Mishima. Notons que cette notion de vide est d’ailleurs importante dans les philosophies orientales et Yourcenar en étant adepte, on ne s’étonne que peu d’ailleurs de son utilisation dans le titre. On voit ici que la vie privée n’est pas la clé de compréhension suffisante pour comprendre ce geste. Elle observe alors l’oeuvre pour trouver des indices. Un rapide examen laisse à croire que cette idée couve dans l’esprit de l’auteur : c’est cette généalogie qu’elle retrace. On en trouve un exemple avec Patriotisme, nouvelle écrite en 1960 ou le héros se donne la mort après l’échec d’un coup d’État. Inspiré de faits réels, le récit est adapté en 1966 dans un film ou, ironie mordante, Mishima incarne le rôle de l’officier. Yourcenar constate aussi que La Mer de la Fertilité est symptomatique de cette mort et que des aspects de ce texte laissent à penser que « l’auteur, pressé d’en finir avec son oeuvre et avec sa vie, avait jeté en vrac les explications nécessaires au lecteur, sinon à soi-même. »⁸ Cependant, elle demeure lucide aussi en affirmant qu’un « film comme Patriotisme, un récit comme la description du suicide d’Isao dans Chevaux échappés, jettent des lueurs sur la fin de l’écrivain et en partie l’expliquent, tandis que la mort de l’auteur tout au plus les authentifie sans les expliquer⁹ ». En cela, elle signale qu’il y a toujours un gouffre entre l’oeuvre d’art dans laquelle le suicide rituel prend forme et la réalité. Cette question du suicide, que Mishima exécute avec les honneurs du seppuku, doit nous questionner. Yourcenar n’était pas étrangère à cette thématique. Dans Mémoires d’Hadrien, c’est la sagesse des stoïciens qui irrigue la réflexion de l’empereur Hadrien. Chez Zénon, c’est l’homme libre qui se tranche les veines, acculé par un système inique. Le suicide yourcenarien si on peut dire, procède avant tout d’un refus de la situation et de l’impossibilité pour un homme de s’y résoudre. Mishima serait, en cela, un personnage digne d’intérêt pour Yourcenar.


Nous arrivons enfin au dénouement final de la vie de Mishima et de l’essai. Les faits se bousculent en cette journée du 25 novembre 1970. Le manuscrit du dernier tome de La Mer de la Fertilité est achevé, semble-t-il, à ce moment, conformément à son contrat avec l’éditeur. Une fois cette affaire terminée, il se prépare, enfile la tenue de la Société du Bouclier ou Tatenokai, une sorte de groupe paramilitaire qu’il a formé avec certains camarades. Il se rend ensuite au ministère de la Défense, où il a un rendez-vous avec le général en chef afin de lui montrer un magnifique sabre du XVIIe siècle. Une fois dans le bureau du militaire, accompagné de quelques hommes, la rébellion commence. La porte est condamnée, le général ligoté. On ordonne à ce que les militaires soient réunis dans la cour, sans quoi on exécutera le dignitaire. On cède aux conditions des factieux et les troupes se réunissent. Mishima prend alors la parole, surplombant la foule depuis le balcon et entame son discours passionné, éloge du Japon d’antan et appelant à un sursaut du peuple japonais. En vérité, son discours est contesté par le brouhaha causé par la masse d’hommes situés en contrebas et le bourdonnement d’un hélicoptère qui survole la scène. Une fois son ode au Japon d’antan terminée, il retourne dans la pièce avec le général et entame le rituel ancestral du seppuku, démonstration de l’éthique samouraï qui l’anime également. Mishima commence alors son éventration et, comme l’usage l’admet, est décapité par un camarade – bien que celui qui devait le faire à la base ne parvient pas du premier coup, occasionnant d’atroces douleurs supplémentaires. Ce membre justement, nommé Masakatsu Morita, suit le sort de Mishima et est décapité aussi. L’histoire s’arrête là. Les trois autres membres présents dans la pièce n’ont pas prévu de se suicider. Tout ce qu’il reste de l’évènement, ce sont les photographies, notamment celle des deux têtes, à propos desquelles Marguerite Yourcenar entame une réflexion :


« Ce qui remplit ces yeux sans regard n’est plus la bannière déroulée des protestations politiques, ni aucune autre image intellectuelle ou charnelle, ni même le Vide qu’avait contemplé Honda, et qui semble tout à coup rien qu’un concept ou qu’un symbole resté somme toute trop humain. Deux objets, débris déjà quasi inorganiques de structures détruites, et qui, eux aussi, ne seront plus, une fois passés par le feu, que résidus minéraux et cendres ; pas même sujets de méditation, parce que les données nous manquent pour méditer sur eux. Deux épaves, roulées par la Rivière de l’Action, que l’immense vague a laissées pour un moment à sec sur le sable, puis qu’elle remporte.¹⁰ »


Quels enseignements tirer de cet essai ? Qu’il est probablement le fruit d’une curiosité. Celle d’une femme vieillissante, attirée par les cultures orientales et qui, d’ailleurs n’avait plus tellement fait état de sa fascination pour le Japon depuis les Nouvelles orientales de 1938. L’actualité de la mort éclatante de Mishima l’a probablement poussée à s’intéresser à un homme qui, partageait beaucoup avec elle sur bien des thématiques. Certaines ont été citées ici, mais on peut aussi citer la question de l’homosexualité, présente dans l’oeuvre de Mishima et manifeste chez Yourcenar dans Alexis ou le Traité du vain combat, L’OEuvre au noir ou Mémoires d’Hadrien. Un autre point de convergence est la Grèce antique, que Mishima tenait en haute estime, comme Marguerite Yourcenar, qui a voyagé là-bas et a écrit un roman sur le plus philhellène des empereurs romains. Dans ce livre, c’est moins une analyse précise des œuvres de Mishima, que son regard et son intérêt pour l’homme qu’elle partage. Il demeure que ce court essai nous semble un excellent moyen, à peu de frais, d’approcher l’oeuvre de celui qui affirmait qu’une « attirance dont je ne pouvais me défendre entraînait mon cœur vers le sang, la nuit, la mort.¹¹ »



¹ YOURCENAR Marguerite, Mishima ou la vision du vide, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 1993, p. 11.

² Ibid., p. 12.

³ Ibid., p. 18.

⁴ Ibid., p. 12.

⁵ Ibid., p. 14.

⁶ Ibid., p. 70.

⁷ Ibid., p. 79.

⁸ Ibid., p. 49.

⁹ Ibid., p. 12-13.

¹⁰ Ibid., p. 121.

¹¹ MISHIMA Yukio, Confessions d’un masque, trad. Dominique Palmé, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2019, p. 37.

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