Le film s’ouvre sur un écran noir et une musique qui nous plongent dans une atmosphère de souffrance. Puis je découvre une maison, une famille, aux allures paisibles. Je n’ose pas imaginer ce que je découvrirai plus tard : les cheminées, l’odeur des cendres qui transpercent l’écran pour venir à moi, cette douleur qui me subjugue. Je ressens le film dans tous ses travers. Je découvre une violence inexplicable : sans même voir les corps, je comprends.
Le bruit constant des cheminées est un rappel incessant de ce qu’il se passe là, de l’autre côté du mur, à côté de cette maison fleurie, vivante. Le contraste entre les cheminées et la piscine des Höss est effrayant, le comportement de la famille l’est tout autant. Entre la femme qui veut absolument éduquer leurs enfants chez eux, dans cette atmosphère morbide, et l’homme, Rudolf Höss – véritable SS ayant réellement existé – qui industrialise avec les autres commandants l’organisation du génocide.
Une scène m’a tordu le ventre et c’est lorsque Hedwig Höss se maquille. Dit de cette manière, cela paraît être un acte anodin, votre point de vue changera lorsque j’ajouterai que l’on entend les pleurs du bébé mélangés aux cris d’horreur des juifs assassinés en masse. J’entends deux cris similaires : des pleurs, de l’expression, certes ; mais la violence de la scène réside dans le fait que l’on comprend que l’innocence des enfants est menacée en vivant ici, côtoyant chaque jour l’horreur, la sauvagerie.
Les cadavres n’apparaissent pas à l’écran, mais à mieux regarder, je les vois, s’échappant des cheminées du camp, en fumée. La véritable horreur de ce film, je l’ai trouvé dans les réunions de commandants, réfléchissant au meilleur moyen d’optimiser le rendement des camps. Quoi de plus inhumain que penser cela ? Quoi de plus inhumain que vouloir anéantir un peuple ? Et en plus d’industrialiser un génocide ? J’observe avec horreur une banalisation du mal, en plus de comprendre que Rudolf Höss n’est pas qu’un simple commandant, mais surtout un addict à la mort. Le génocide n’est plus un anéantissement, mais une tâche à accomplir, en faisant attention à obtenir des chiffres importants, et à exécuter les ordres.
La zone d’intérêt choque, dénonce, et surtout dément fermement une certaine humanité nazie.
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